Paris Everyday | Relier le Temps à une Tradition de Beauté Ininterrompue

LA BEAUTÉ EST RÉSISTANCE. LA BEAUTÉ N'EST PAS NEUTRE.

ELLE EST UN LIEU DE CONFLIT. ELLE BRISERA LES HIÉRARCHIES.

Pour moi, la beauté était une ressource rare tout au long de ma vie, et sa quête, un potentiel sur lequel il valait la peine de méditer. Lorsque je me suis détachée de la réalité après avoir identifié le corps de mon amie à Paris, dans mon esprit, dans mon imagination, je me suis enveloppée dans l'architecture de la ville. Je portais le calcaire comme une cape pour surmonter les effets de cette expérience. Mon esprit était le lieu du conflit, car j'étais séparée de toute sécurité, intérieure et extérieure. Ma pratique est personnelle; elle documente mes tentatives de rester en contact avec le monde matériel qui m'entoure. Cette relation symbolique et cette compulsion sont appelées «ancrage», un effet secondaire très fréquent des troubles agoraphobes. Paris m'a brisée et Paris m'a sauvée. 

Les collectionneurs de mon œuvre sont attirés par la nature indestructible de mon âme et par la manière dont j'explore en profondeur les territoires matériels et conceptuels. La part de moi qui était mentalement suspendue mais simultanément enracinée dans une recherche de longue haleine.

LES PIERRES ONT DES VOIX | Tout un langage de sentiments et de mémoire a été refoulé sous la roche. Des langues façonnées à la main restent immobiles, figées pendant des générations, aspirant à révéler leurs secrets, à raconter ce qu’elles ont observé mais ne peuvent déclarer.

Je suis plus qu’une artiste. Je suis une interprète pour les voix silencieuses. Je définis la « pierre » comme une chair abstraite et ne limite pas cette classification aux minéraux. Les pierres peuvent être des statues. Les pierres peuvent être des enfants. Chaque «pierre» se révèle comme une structure solidifiée renfermant un sens confiné.

Ma passion me pousse à étudier ces pierres; à identifier leurs désirs non exprimés, à interroger le poids de leur passé, à reconnaître la pression de devoir maintenir une seule posture éternellement. Je clarifie leur histoire personnelle, retrace leurs connexions émotionnelles fracturées, mesure, affirme et réconcilie leurs positions. À travers la peinture, je traduis l’univers intérieur enfermé dans la pierre, afin de rendre les sujets compréhensibles pour les spectateurs qui n’ont fait qu’observer depuis l’extérieur avec jugement, sans jamais approcher l’atmosphère intime et cachée de la pierre. Je reconditionne ainsi une culture qui contemple les surfaces objectivement en tant qu’audience, mais n’a jamais osé pénétrer l’intérieur privé et sensible de la pierre.

Je signe chaque peinture par deux lettres, KZ, la première lettre de mon prénom et la dernière lettre de mon nom de famille, car lorsque j’aborde la toile, je me donne dans ma totalité, du commencement à la fin.

Soyez vous, pour vous.

  "Être artiste signifie voir les choses et ne jamais pouvoir fermer les yeux." — Keariene Muizz